Maurice Martin du Gard était le cousin de Roger Martin du Gard, le prix Nobel auteur des Thibault. Comme lui Lorrain mâtiné de Bourbonnais et, comme lui aussi, fils d'avoué, né à Nancy le 7 décembre 1896. Vingt années le séparaient de son grand aîné, qu'il a suivi de loin. Aussi bien les deux hommes ne possédaient pas les mêmes dons. L'un avait la puissance créatrice du romancier, l'autre l'œil aigu, la curiosité insatiable, l'activité incessante du témoin. Il a regardé, discerné, capté, enregistré.
C'est pourquoi Maurice Martin du Gard a commencé sa vie comme journaliste et trouvé le plein emploi de ses talents comme mémorialiste. En 1922, après ses débuts dans une petite revue qui avait de grands noms à son sommaire, il fonde les Nouvelles littéraires et restera à la tête de cet hebdomadaire jusqu'en 1938. Un poste de choix pour connaître le monde littéraire et l'autre, le vaste monde.
Il voyage, à l'instar des hommes de ces années 1925 qui s'éveillaient à la griserie de la vitesse et aux larges horizons du cosmopolitisme : Madagascar, l'Afrique surtout, où il va, où il revient sans cesse. Ses premiers livres sont des récits de voyage, ou plutôt des essais de pénétration d'un pays : terre, peuple, réalités présentes et à venir : Courrier d'Afrique (1933), le Voyage de Madagascar, l'Appel du Cameroun (1939). Sur toutes ces pistes il a rencontré le problème colonial, prévu le drame de l'empire, envisagé sa solution dans une indépendance à terme.
Libéré de la direction d'un hebdomadaire, Maurice Martin du Gard entra à la radio comme critique littéraire et critique dramatique. Il est un homme en vue, Blum songe un moment à lui comme administrateur de la Comédie-Française. C'est que le théâtre est une autre de ses passions ; il a tenu la critique dramatique pendant de longues années aux Nouvelles littéraires... Quand la guerre arrive, il fait partie de la commission à l'information que dirige Giraudoux.
Le temps passé
Pendant l'occupation, Maurice Martin du Gard n'a point quitté la France. Le vaste monde lui étant fermé, il se replie sur celui qui l'entoure et le regarde comme il a regardé les pays lointains. De cette attention allait naître un livre, la Chronique de Vichy (1948), qui va frayer chez son auteur une nouvelle voie, celle qu'il estime sa vraie voie, et qu'il a réalisée avec un plein succès dans les Mémorables.
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