ÉDUCATION NATIONALE - Rien de moins qu’une pratique “dangereuse”. Dans le cadre du projet de loi confortant le respect des principes de la République (dite “loi séparatisme”), qui sera examiné le 1er février à l’Assemblée nationale, le député LREM François Jolivet veut s’attaquer à une “nouvelle norme” qui “prétend s’imposer” dans les écoles. “Je souhaite proposer l’interdiction de l’enseignement de l’écriture inclusive”, a-t-il annoncé sur Twitter, jeudi 28 janvier, partageant du même coup un amendement qui proscrirait ce “phénomène de mode illisible”.
Pour interdire l’usage de ce type de langage, qui vise à éliminer les discriminations sexistes à l’écrit via différentes méthodes (féminisation, doublet, point médian, etc.), François Jolivet s’appuie sur un avis officiel de l’Académie française, qui s’est toujours viscéralement opposée à l’écriture inclusive.
“Par la multiplication des marches orthographiques et syntaxiques qu’elle induit, son utilisation aboutit à une langue désunie et disparate dans son expression, créant de ce fait une confusion qui confine à l’illisibilité”, soutient l’amendement.
Un vieux débat
Le sujet devient presque récurrent au sein de l’Assemblée nationale et du gouvernement. Fin 2017, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, avait jugé “problématique” que des profs changent d’eux-mêmes les règles, dans la foulée d’une tribune de 314 enseignants publiée sur le site Slate. Ces derniers revendiquaient le droit de “cesser d’enseigner” la règle de grammaire qui veut que “le masculin l’emporte sur le féminin”.
“Cette règle est récente dans l’histoire de la langue française et elle n’est pas nécessaire. Elle a été mise au point au XVIIe siècle. Auparavant, les accords se faisaient au gré de chacun·e, comme c’était le cas en latin et comme c’est encore souvent le cas dans les autres langues romanes”, expliquaient les signataires.
À l’époque, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, s’était aussi opposé à l’écriture inclusive dans les manuels scolaires, soutenant que ”ça ajoute une complexité qui n’est pas nécessaire”.
En juillet 2020, c’est Marine Le Pen qui avait déposé, sans suite, une proposition de loi “visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale ou privée bénéficiant d’une subvention publique”. La cheffe du Rassemblement national utilisait alors les mêmes mots de l’Académie française cités dans ce nouvel amendement: une “confusion qui confine à l’illisibilité”.
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