Les appels aux services d'urgences ne sont pas géolocalisés avec précision en Italie… mais aussi en France

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Les appels aux services d'urgences ne sont pas géolocalisés avec précision en Italie… mais aussi en France

L'AML est une technologie qui permet de localiser un appel aux secours automatiquement. Les états doivent l'activer. Ni l'Italie, ni la France ne l'utilisent à ce jour.
L'AML est une technologie qui permet de localiser un appel aux secours automatiquement. Les états doivent l'activer. Ni l'Italie, ni la France ne l'utilisent à ce jour.
© Maxppp - L'Indépendant / Clementz Michel

Contrairement à une idée reçue, les antennes relais ne permettent pas une géolocalisation idéale. Il existe une technologique beaucoup plus fiable. Mais la France et l'Italie ne l'utilisent pas. Cette géolocalisation automatique aurait pu augmenter les chances de survie de Simon Gautier, retrouvé mort ce dimanche.

La réalité n'est pas un épisode des "Experts". Les appels aux urgences ne sont pas toujours géo-localisés avec une grande précision. Avec le dispositif actuel, le périmètre pour localiser un appel est en moyenne de deux kilomètres. Plus il y a d'antennes relais dans le secteur, plus fine est la zone de recherche : 500 mètres dans les centre urbains, une vingtaine de kilomètres dans la zone où Simon Gautier a lancé son appel aux secours italiens. 

"En 2019, c'est choquant d'apprendre qu'on puisse encore mourir faute d'une localisation pointue" se désole Benoit Vivier, de l'association European Emergency Number Association (EENA), qui lutte pour améliorer le fonctionnement et la coordination des services de secours d'urgence en Europe.

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Le système actuel est trop imprécis, il parait même caduque au regard des avancées technologiques. L**'Advanced Mobile Location (AML)**, créée en 2014, est une technologie qui permet de géolocaliser automatiquement une personne qui appelle les secours. Pas la peine de télécharger une application, cette fonction –qui opère sans internet- est intégrée dans les téléphones Android et Apple. L'utilisateur n'a rien à faire après son appel aux secours. Une fois la localisation établie, un SMS est envoyé au service d'urgences avec la position à une vingtaine de mètres près. 

Une quinzaine de pays équipés de la technologie la plus performante

L'AML est activé dans une quinzaine de pays (dont la Moldavie), dont 10 de l'Union Européenne, parmi lesquels l'Autriche, la Belgique, l'Irlande et le Royaume-Uni. La France et l'Italie n'ont pas ce choix.

En France, le retard pris commence à se résorber. "Le ministère de l'Intérieur y travaille sérieusement. Il y a eu toute une période de réflexion qui a été très longue, notamment à cause de la décentralisation des secours en France. Chez nous, les structures d'appel sont à l'échelle du départemental. Donc il faut que tous ces centres soient connectés à une plateforme commune, et ça prend du temps" explique Benoit Vivier. Selon lui, il est possible que l'AML soit opérationnelle en France d'ici la fin de l'année. 

En Italie, ce sont des dissensions régionales qui expliquent le retard transalpin. Une vaste réforme des centres de secours paralyse toute initiative. Le nord de l'Italie a adopté cette réforme, mais pas le sud (où le corps de Simon Gautier a été retrouvé). 

Mais l'Italie devra se résoudre à activer l'Advanced Mobile Location. L'Union Européenne a voté une nouvelle législation, qui impose aux états membres de mettre en place le système au plus tard en décembre 2020. 

Pour rendre ce système opérationnel, il faut qu'il existe une plateforme pour recevoir ces données GPS. Cela coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros par pays. Pour un petit pays comme l'Estonie, c'est environ 30 000 euros ! 

Pour l'EENA qui milite pour le déploiement de cette technologie, il faut regarder les économies réalisées. L'association cite le rapport d'un cabinet indépendant : en Europe, cela permettrait un bénéfice de 95 milliards d'euros sur une période de 10 ans. Il y aurait ainsi moins d'interventions de secours, moins d'hélicoptères mobilisés, moins d'équipes de recherches réquisitionnées, des interventions moins longues. Le rapport évoque aussi le point qui parait le plus important : en une décennie, cela permettrait de sauver 7 500 vies sur le continent. 

Références

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