La journée du second tour au Brésil a été émaillée par des incidents.
La police fédérale a procédé à des contrôles routiers dans des régions pro-Lula.
Avec pour objectif de retarder les électeurs, sans que cela entache la participation.

Dimanche 30 octobre, Lula a été élu président du Brésil après un suspense subsistant jusqu’aux derniers dépouillements. Une victoire obtenue sur le fil, grâce à deux millions de voix de plus que son adversaire, le président sortant, Jair Bolsonaro (50,90% contre 49,10%). Une victoire du candidat du Parti des travailleurs (PT) qui a pourtant été émaillée d’incidents dans la journée du scrutin : l’installation de points de contrôle sur certaines routes, créant des embouteillages et ayant pu retarder la venue des électeurs dans leur bureau de votes. 

Dès le dimanche dans la matinée, ces incidents ont rapidement été documentés sur les réseaux sociaux brésiliens, avec comme mot d’ordre #Deixeonordestevotar, #Laissezlenordestevoter. Car c’est dans cette région, très favorable à Lula, que la plupart des barrages filtrants ont été observés. Humberto Costa, sénateur et ancien ministre de la Santé, s’en est offusqué sur son compte Twitter en partageant une vidéo vue 2,5 millions de fois : "Si la plainte est confirmée, c'est inacceptable ! Ils essaient de salir le processus démocratique parce qu'ils savent qu'ils vont perdre". 

Plus de 600 opérations de contrôle recensées

À Niteroi, ville de l’État de Rio de Janeiro où Lula est arrivé en tête au premier tour, le pont de Rio-Niteroi a aussi connu des opérations de contrôle de la police fédérale des autoroutes et de l’armée, d’après le compte Eixo Politico. Et là aussi, la circulation s’en est trouvée perturbée. Plus de 200 kilomètres de bouchons ont été observés dans tout le pays à cause de ces barrages filtrants, selon le journal O Globo, qui a recueilli des témoignages d’électeurs bloqués.

En revanche, une autre vidéo montrant des dizaines de personnes arrêtées sur la route par les forces de l’ordre a été détourée : celle-ci ne vise pas des opérations menées dimanche au Brésil mais a été tournée en avril dernier, au cours d’un contrôle avant une finale de football. Celle-ci, comme d’autres, a été sortie de son contexte pour illustrer le second tour dans le pays.

À la mi-journée, plus de 500 barrages visant à contrôler des autocars, transportant des électeurs éloignés des bureaux de vote, ont été dénombrés, d'après le quotidien Folha de S. Paulo. Soit 70% d’opérations de plus qu’au premier tour et en dépit de l’ordonnance du Tribunal supérieur électoral (TSE) prise la veille pour interdire ce type de contrôles. Inquiet, le président du TSE, Alexandre de Moraes, a même songé à retarder la fermeture des bureaux de vote après "des plaintes d'électeurs du Nordeste empêchés de voter par les agents de la PRF".

Dimanche en fin de journée, ce sont finalement 610 opérations de contrôle visant des bus d’électeurs qui ont été enregistrées, selon le site d’informations G1. Près de la moitié d’entre elles s’est déroulée dans le Nordeste (270, soit 49,5 %), et le reste dans le nord du pays (59, soit 10,7%), dans le sud et le sud-est (48 chacun, soit 8,7%). 

Une participation plus forte qu'au 1er tour

En parallèle, d’autres événements liés aux transports en commun ont été rapportés, alors que la gratuité avait été annoncée pour faciliter le déplacement des électeurs. "Gros souci aussi autour des transports publics. Ils auraient dû être gratuits aujourd'hui, mais des compagnies, dans plusieurs points du pays, font quand même payer le ticket. La compagnie de métro de Belo Horizonte a attendu 11h ce matin avant de mettre en place la gratuité, après des menaces de lourde amende de la justice électorale", a ainsi rapporté Bruno Meyerfeld, correspondant du Monde au Brésil. Une information similaire a vu le jour sur les réseaux sociaux à propos des bus de Recife, dans l’État du Pernambouc, avant d’être démentie par les services du TSE

Mais le scrutin ne semble pas avoir été entaché par ces dysfonctionnements, qui auraient été diligentés directement depuis la résidence officielle de Jair Bolsonaro, selon les informations de O Globo. Au moment du dépouillement, Alexandre de Moraes a fini par annoncer une participation plus importante qu’au premier tour (20,95% d’abstention contre 20,56%) et une "victoire pour la démocratie". Avant d’espérer "que les attaques contre le système électoral, les nouvelles frauduleuses et criminelles cesseront". Qu’à cela ne tienne, les partisans de Bolsonaro n’ont pas attendu les résultats définitifs pour s’organiser sur les réseaux sociaux et crier à la fraude électorale, d’après Folha de S. Paulo. Ce lundi matin, après la victoire proclamée de Lula et le silence assourdissant de Jair Bolsonaro, certains ont sorti leur camion pour bloquer les routes du pays.

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Caroline QUEVRAIN

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