Jouets : le gouvernement signe une charte pour lutter contre le sexisme

A travers la charte, l’ensemble de la filière s’engage à fournir des efforts « mesurables » pour améliorer la représentation mixte des jouets.

 Dans les magasins de jouets, les rayons sont souvent séparés entre fille et garçon.
Dans les magasins de jouets, les rayons sont souvent séparés entre fille et garçon. LP/Catherine Lagrange

    Une charte entendant promouvoir la mixité dans le secteur des jouets a été signée mardi au ministère de l'Economie.

    « On cherche à travailler sur la création de nouveaux jouets, la façon dont on en parle dans les annonces et la façon dont on les vend », a précisé lors d'un point presse la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher, soulignant que cette démarche était partie « d'un constat économique » : « la présence d'un nombre limité de femmes dans les carrières scientifiques ».

    « On sait que la période des mille premiers jours (de vie), c'est là où beaucoup de choses se construisent pour l'enfant » et « lutter contre les discriminations plus tard cela passe par une action dès ces premiers jours-là », a ajouté le secrétaire d'Etat à l'Enfance, Adrien Taquet.

    A travers la charte, l'ensemble de la filière s'engage à fournir des efforts « mesurables » pour améliorer la représentation mixte des jouets, a souligné dans un communiqué la Fédération française des industries jouet/puériculture (FJP). Il s'agit de valider » un certain nombre d'actions concrètes et « d'évangéliser tous les acteurs » afin d'aller plus loin, a expliqué le président de la FJP, Michel Moggio.

    Les fabricants devront revoir leur modèle pour intégrer des jouets scientifiques ou déguisements liés à la technique et à la technologie pour les filles, explique RTL qui a révélé mardi matin cette charte. Et réciproquement ils devront intégrer des jeux et déguisements liés aux travaux ménagers, activités domestiques et soins pour les garçons.

    « Dans la construction de soi et donc dans l'orientation, la place du jouet est fondamentale, si on ne donne pas à voir à des jeunes filles des jouets qui sont en lien avec la science, elles ne pourront pas se projeter dans ces métiers-là », a commenté Florence Barnier, directrice du développement de l'association Elles Bougent, qui promeut les carrières scientifiques auprès des filles.

    La charte dispose également d'un volet « formation des vendeurs », afin qu'à l'avenir ceux-ci remplacent la question « c'est pour un garçon ou une fille ? » par « qu'est-ce qu'aime l'enfant ? ».

    Un premier point dans six mois

    Cette charte « est un premier pas, ça permet de poser le débat et d'avoir un certain nombre d'engagements et nous nous reverrons dans six mois pour faire le point et voir ce qu'on peut continuer à améliorer », a précisé Mme Pannier-Runacher.

    Dans la lignée du « Conseil de la mixité et de l'égalité professionnelle dans l'industrie », une première réunion avait permis le 24 juin de faire un état des lieux, a rappelé le ministère. Les participants - fabricants, distributeurs, CSA, associations féministes et familiales, Union des Marques - s'étaient engagés à élaborer une charte.

    La « séparation des univers filles/garçons, notamment par des pages ou des rayons séparés, l'utilisation de codes couleurs ou bien d'autres indices de cloisonnement […], se matérialise sur les produits eux-mêmes, les sites internet, les catalogues, publicités et dans les rayons des magasins », a souligné Bercy.

    Cela peut véhiculer des stéréotypes ayant notamment pour effet d'exclure les filles des jouets à dominante scientifique « ou de les cantonner à des univers domestiques, ce qui ne favorise pas leur identification aux études ou aux carrières scientifiques », a relevé le ministère.