REPRÉSENTATIONLa série « Les Sauvages » place un fils d’immigré algérien à l’Elysée

La série « Les Sauvages » place un fils d’immigré algérien à l’Elysée

REPRÉSENTATIONLa série « Les Sauvages », diffusée ce lundi à 21 heures sur Canal+, met en scène un président de la République issu de l’immigration maghrébine
Roschdy Zem campe le candidat à l'élection présidentiel Idder Chaouch dans «Les Sauvages».
Roschdy Zem campe le candidat à l'élection présidentiel Idder Chaouch dans «Les Sauvages».  - CPB FILMS/ SCARLETT PRODUCTION /CANAL+
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • La nouvelle création originale de Canal+, Les Sauvages, est diffusée ce lundi à 21 heures.
  • Roschdy Zem y campe le premier Président de la République d’origine maghrébine de l’histoire de la télévision française.
  • La série appréhende les fractures et les tensions d’un pays pluriel.

Une première à la télévision française ! Adapté de la tétralogie éponyme de Sabri Louatah, le thriller politique d’anticipation Les Sauvages, nouvelle création originale de Canal+ diffusée ce lundi à 21 heures, imagine l’élection à la Présidence de la République d’un candidat d’ascendance kabyle, Idder Chaouch, incarné par Roschdy Zem. Sitôt sa victoire proclamée, l’homme politique est victime d’une tentative d’assassinat perpétrée par un adolescent, lui aussi d’origine maghrébine. Fouad Nerrouche, futur gendre du président, voit son monde s’écrouler. Le tireur est un membre de sa famille. Il décide d’enquêter avec Marion (Marina Foïs), la responsable de la sécurité du président. Deux familles se déchirent, un pays s’enflamme.

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La série appréhende ainsi les fractures et les tensions d’un pays pluriel à l’échelle de la cellule familiale. « On cherchait l’équilibre entre le thriller politique et la saga familiale, le soap », explique Sabri Louatah, qui a co-créé la série avec la réalisatrice Rebecca Zlotowski.

« Saint-Etienne, pour moi, c’est un peu le Détroit français »

Les Sauvages dresse le portrait de deux familles d’origine algérienne, les Nerrouche, de classe populaire et installés à Saint-Etienne, et les Chaoud, cosmopolites, bourgeois et parisiens. « Saint-Etienne, pour moi, c’est un peu le Détroit français », raconte Rebecca Zlotowski. « On a tourné au moment de la crise des "gilets jaunes" et on s’est rendu compte de l’immense impensé français sur la question des villes périphériques », poursuit-elle.

Cette fresque sociale ambitieuse, c’est aussi l’histoire de ces Français, victimes de racisme et porteurs de deux cultures, toujours « le cul entre deux chaises ». Les Sauvages montre l’écartèlement de l’identité franco-algérienne au travers le destin de deux frères, Fouad (Dali Benssalah), acteur en vogue sans problème d’identité́ qui refuse pourtant les rôles d’Arabes et Nazir (la révélation Sofiane Zermani, alias le rappeur Sofiane, dit Fianso), intellectuel animé d’un ressentiment contre le pays qui a colonisé ses ancêtres.

« Voir des racisés à des positions d’élite, c’est important »

« Si on fait une série politique, ce n’est pas dans les messages qu’on délivre, mais dans les représentations qu’on travaille », estime cependant Sabri Louatah. Y aurait-il eu Barack Obama sans 24 heures chrono ? David Palmer y incarnait en 2002 le premier homme noir élu à la Maison-Blanche, un président compétent, réfléchi, intègre et raffiné, comme Idder Chaouch. « Il est délicat de mesurer l’impact de la télé sur un vote, mais ce personnage a préparé le public conservateur de la Fox à l’idée d’avoir un président noir. Il y a eu un effet Palmer », juge Alexis Pichard, enseignant en civilisation américaine à l’Université Paris Nanterre. « L’idée de voir des racisés à des positions d’élite, c’est important », souligne Sabri Louatah.

« Pour distribuer le rôle de Chaouch, cet intellectuel et universitaire, on a en tête soit Abdellatif Kechiche , soit l’un des deux ou trois grands acteurs français arabes qui peuvent incarner cette stature et c’est déjà politique de voir qu’on a peu de choix », souligne Rebecca Zlotowski.

La réalisatrice pense immédiatement à Roschdy Zem. Ce dernier manque de refuser : « J’avais peur que le rôle soit uniquement symbolique. J’avais peur que mon rôle soit de l’ordre de l’icône et que cela ne me permettrait pas de m’épanouir », explique l’acteur qui a essayé de ne pas « devenir un ersatz de président existant », mais qui reconnaît que « la comparaison existera, évidemment. Un président, fils d’immigré, le parallèle avec Barack Obama se fait naturellement ». S’il est trop tôt pour savoir s’il y aura un réel effet Chaoud, il est certain que Les Sauvages bouscule enfin la représentation des Français d’origine maghrébine à la télévision !

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